Les astuces d’un promptologue

l’IA en pratique

par Stéphane Quentin

« Promptologue » : c’est ce que j’ai mis dans mon profil Facebook à la ligne profession. Ça fait marrer mes potes. En vrai, le terme officiel c’est « prompt engineering » – l’art de bien parler aux IA. Mais ça fait un peu pompeux, non ? Du coup, par modestie (et parce que j’ai un humour de merde), j’ai inventé « promptologue ». C’est plus sympa, moins intimidant, et ça déclenche des conversations intéressantes.
Je bosse avec l’IA tous les jours, et je peux vous dire un truc : les techniques qui marchent vraiment ne sont pas celles qu’on vous raconte partout. Oubliez les prompts de 3 kilomètres et les formules magiques. Je vais vous partager mes astuces de terrain, celles qui font la différence au quotidien.

L’art de l’édition plutôt que l’empilement

La plupart des gens font ça : « Crée un logo » « Ah, j’ai oublié de dire que c’est pour une pizzeria » « Et il faut du rouge » « Non, plus moderne… »
Résultat ? Une conversation bordélique et une IA qui perd le fil. C’est comme donner une recette à quelqu’un en plusieurs fois : « Fais une tarte… ah oui, aux pommes… et mets de la cannelle… non, pas tant que ça… » Forcément, le résultat ne sera pas terrible.
Ma technique : j’édite la question initiale (qu’on appelle « prompt » en passant – ne vous laissez pas impressionner par ce terme technique, c’est juste le nom qu’on donne à une question posée à l’IA). Dans toutes les IA, vous avez un petit bouton en forme de crayon qui permet de modifier votre question. Utilisez-le !
Au lieu d’empiler les demandes, je reformule en une seule requête claire : « Crée un logo moderne pour une pizzeria, en utilisant du rouge dans une approche contemporaine qui évoque la gastronomie italienne tout en restant accessible. »
C’est comme donner une recette complète et bien organisée dès le départ : tous les ingrédients sont listés, les étapes sont claires, et le cuisinier sait exactement où il va.
Bonus : quand vous relisez vos conversations plus tard, tout est clair et bien organisé. Pas besoin de scroller pendant des heures pour retrouver le fil de la discussion.

Pourquoi nettoyer ses conversations : la métaphore de la bouteille

Un truc important à comprendre : l’IA n’a pas de vraie mémoire. Pour donner l’impression qu’elle se souvient de tout, elle reçoit l’intégralité de la conversation à chaque nouvelle question. C’est comme une bouteille où chaque goutte représente une question et sa réponse.
Au début, pas de souci. Mais plus vous ajoutez de gouttes (questions-réponses), plus la bouteille se remplit. Et quand elle déborde ? C’est là qu’arrivent les « hallucinations » : l’IA commence à mélanger les informations, inventer des trucs, ou sortir complètement du sujet.
Bref, une hallucination, c’est quand l’IA part en vrille.

Préférer le positif à la négation

Voici une astuce qui change tout : éviter la négation dans vos prompts. Au lieu de dire « Je ne veux pas un texte trop formel », dites « Je souhaite un texte décontracté ». Pourquoi ? Parce que l’IA fonctionne mieux avec des instructions positives.

C’est comme donner des directions à quelqu’un :
– Direction confuse : « Ne va pas vers le centre-ville »
– Direction claire : « Prends la route qui mène vers la plage »

Quelques exemples concrets :
– À éviter : « Le logo ne doit pas être trop chargé »
– À préférer : « Je veux un logo minimaliste et épuré »

– À éviter : « N’utilise pas de jargon technique »
– À préférer : « Utilise un langage simple et accessible »

Cette approche :
– Clarifie vos intentions;
– Réduit les malentendus;
– Guide l’IA vers ce que vous voulez vraiment;
– Améliore la qualité des réponses.

La technique du snippet et de la régénération

J’ai fait un truc un peu fou : j’ai volontairement enfreint une règle de base – donner un minimum de contexte – pour obtenir des réponses plus surprenantes. Par exemple, j’ai simplement demandé « Qui était François Mitterrand ? » La première réponse était basique : président, socialiste, bla bla bla.
En régénérant plusieurs fois (avec le petit bouton « régénérer » ou en reposant la même question), j’ai fini par tomber sur une réponse qui abordait des aspects plus intéressants : sa période pendant la guerre, l’Algérie, Mazarine… C’est là que c’est devenu captivant.
Cette réponse plus riche m’a permis d’approfondir ces aspects spécifiques, d’explorer les zones d’ombre du personnage, et d’en apprendre bien plus que ce qu’on trouve dans les banalités habituelles. C’est comme choisir de quitter les sentiers touristiques pour découvrir le vrai visage d’une ville.

La gestion des conversations longues

Je vais vous donner un exemple concret de comment je travaille : quand j’écris une chanson avec l’IA, je commence par une conversation philosophique sur le thème – disons, l’amour. On discute, on débat, on creuse le sujet. Les idées fusent, les points de vue s’enrichissent, on touche à des aspects auxquels je n’aurais pas pensé seul.
Une fois que la discussion est bien riche, que j’ai vraiment de la matière intéressante, je dis à l’IA : « Ok, on a largement de quoi écrire une chanson maintenant ! Voici la structure que je veux : un couplet qui parle de tel aspect qu’on a évoqué, un refrain qui reprend cette idée-là… »
L’avantage ? Au lieu d’avoir dit directement « écris-moi une chanson sur l’amour », j’ai d’abord exploré le sujet en profondeur. Le résultat est plus riche, plus personnel, plus intéressant.
Petit bonus : je sauvegarde souvent ces conversations en fichier texte. C’est comme un carnet de notes que je peux ressortir plus tard pour d’autres projets. Ces échanges sont parfois tellement riches qu’ils peuvent alimenter plusieurs créations différentes.

L’art de sentir si ça va marcher

Avec l’expérience, on développe une sorte de sixième sens avec l’IA. Dès la première réponse, je sais si on part sur un truc prometteur ou si ça va être compliqué. C’est comme un mécanicien qui entend un moteur tourner : il sait tout de suite si quelque chose cloche.
Ce qui est fascinant, c’est que cette intuition se développe naturellement. Au début, on prend tout ce que l’IA nous donne. Puis, petit à petit, on commence à reconnaître les signes :
– Une réponse qui va droit au but vs une réponse qui tourne autour du pot;
– Des exemples concrets vs du blabla théorique;
– Des idées originales vs des banalités.

Quand je sens que la réponse n’est pas optimale, je ne m’acharne pas. Je :
– Copie la réponse dans un bloc-notes (parfois il y a des pépites à garder même dans une réponse moyenne);
– Régénère la réponse jusqu’à ce que je sente qu’on prend la bonne direction;
– Change complètement d’approche si nécessaire.

Pour finir

Ces techniques, je les ai développées sur le terrain, en testant, en me plantant parfois, et en apprenant de mes erreurs. L’IA, c’est comme n’importe quel outil : la différence entre un amateur et un pro, c’est la méthode.
Vous voulez devenir promptologue ? Commencez par appliquer ces techniques. Et surtout, n’hésitez pas à expérimenter – c’est comme ça qu’on trouve ses propres astuces.